COMMENT J’AI REMONTÉ LA PENTE APRÈS MON BURN OUT ?
Caroline Gaujour, ingénieur agro reconvertie en illustratrice, a une vie d’expat sur le papier qui fait rêver ! Mexique, États-Unis, Istanbul. Bref, tout semble aller pour le mieux ! Pourtant, un jour, c’est l’effondrement…Caroline nous explique comment elle a remonté courageusement la pente après son burn out.
Marie-Eve: Que s’est-il passé ?
Caroline : Mars 2021. C’est un lundi matin comme un autre, mais ce début de semaine- là, je suis restée clouée au lit, incapable de me lever pour travailler. Ma tête s’obstinait. Elle était pleine d’injonctions à me secouer, mais mon corps refusait de suivre le mouvement. Chaque fois que je tentais de me mettre debout, j’avais tellement de vertiges que je devais retourner m’allonger. Pas le choix, je restais au lit.
Marie-Eve : Qu’est-ce que tu t’es dit alors ?
Caroline : Dans ma tête, c’était la panique. Je me demandais : « Qu’est-ce qui peut bien se passer ? Est-ce que je suis malade ? Comment je vais faire pour assurer mon boulot de free-lance si je ne peux même pas tenir un crayon ? »
Je suis passée par plein d’examens sur les conseils de mon médecin et rien. Heureusement, cliniquement tout était au vert. Pourtant, j’avais perdu cinq kilos. Ma tension était dans les pâquerettes. Je ne pouvais toujours pas me lever. Et là, le verdict est tombé. Il s’agissait d’un épuisement psychologique. Le burn out, dont j’avais si souvent entendu parler n’était pas loin.
Marie-Eve: Comment as-tu réagi quand le médecin t’a annoncé que tu étais clairement proche du burn out ?
Caroline : Ma première réaction a été le déni…
Un burn out ? Mais ça ne pouvait pas être ça, tout allait bien ! Et pourtant, cela faisait des mois que j’ignorais les signes: fatigue extrême, manque d’intérêt dans mon travail qui est pourtant ma vocation…
La moindre petite tâche me paraissait une montagne. Je n’arrivais plus à surmonter la routine du quotidien. Je culpabilisais tellement que j’essayais coûte que coûte, de continuer sur le même rythme. Pas de raison de flancher !
Marie-Eve : Sur le papier tu avais une vie de rêve. Une expatriation au Mexique, aux Etats-Unis, à Istanbul. Un mari, deux petites filles, un métier passion… Comment expliques – tu avec le recul ton burn out ?
Caroline : Je pense que cet épuisement couvait depuis un moment. La vie à l’étranger peut paraitre dorée, mais elle a ses revers.
Les nombreux déménagements, l’isolement, l’obligation de retrouver chaque fois du travail, la maternité avec deux petits et un mari en déplacement la plupart du temps…
Je n’ai pas vraiment eu de congé maternité aux USA pour mon premier enfant. J’ai travaillé presque jusqu’à l’accouchement et ensuite une partie de mon congé était sans solde. Puis j’ai été licenciée après mon deuxième. Ça a été difficile à vivre.
Le retour en France a aussi été compliqué même s’il a été voulu. Toute la charge de la maison m’est retombée dessus en parallèle du maintien de mon activité et de la finition de mon deuxième album graphique.
Puis il y a eu la crise covid et l’équilibre pro/perso est devenu presque impossible à maintenir.
Je ne trouvais plus de sens dans mon travail. Je me retrouvais devant ma feuille blanche à pleurer. La moindre tâche me paraissait insurmontable, même remplir une casserole d’eau ! J’avais mal partout. Enfin, j’ai perdu mon père en 2020.
Tout s’est accumulé et au bout d’un moment, mon corps a dit stop.
Marie-Eve: Tu étais engagée dans le process d’épuisement avant même ton retour en France. En quoi l’expatriation rend- elle les choses plus difficiles encore ?
Caroline : Il peut y avoir plusieurs raisons .
On peut vivre dans un pays, comme les USA, où la protection sociale est moins bonne. On se retrouve du coup plus démuni psychologiquement et financièrement en cas de problème. On a moins de congés maladie possibles par exemple. Ce n’est pas évident de s’arrêter longtemps en cas de burn out, parfois on perd son salaire, on peut même perdre son job.
Il y a aussi le fait qu’il est difficile d’oser parler de ses problèmes quand on a en apparence une vie dorée. L’un étant cadre dans une grosse boite internationale et moi free-lance dans le métier de mes rêves.
On se retrouve isolé, loin des proches, parfois avec peu de soutien.
Alors c’est tentant de serrer les dents et de se dire que ça va passer.
Marie-Eve : Comment as-tu fais ou fais-tu, car c’est encore tout frais, pour remonter la pente après ce burn out ?
Caroline : J’ai été obligée d’accepter la situation…C’est-à-dire de me reposer dans un premier temps ! Car il n’y avait rien d’autre à faire pour se recharger. Et “ne rien faire”, on en a rarement l’habitude, nous dont l’utilité sociale est surtout définie par rapport à notre travail.
J’ai appris à toujours faire, être active, aller plus loin, plus haut ! Ne plus réussir à travailler est d’abord une souffrance et une source de stress. Étant seule à mon compte, personne ne pouvait me remplacer et ne pas travailler signifiait plus de contrats ni de rémunération. Mais j’étais dos au mur et il fallait bien s’adapter!
Mais pour autant, je ne savais pas comment sortir de cette crise existentielle.
Car même au bout de quelques mois, une fois reposée, je me sentais vide, triste, sans but.
Le métier de dessinatrice que j’aimais tellement me paraissait maintenant trop difficile pour moi. Si j’étais en burn out, c’est sûr, c’est que je n’avais ni le talent ni les épaules pour ce job !
Et si cette reconversion d’ingénieur agroalimentaire à illustratrice, si chère à mon cœur, était finalement une erreur?
L’idée même de dessiner me faisait monter les larmes aux yeux. Je n’y arrivais plus…
Alors, je me disais : « qu’est-ce que je vais faire ? Est-ce que je vais encore devoir changer de métier ? »
Et une première idée m’est venue.
J’allais retourner …à l’école! Pas à plein temps. Mais pour commencer, je me suis inscrite dans une formation professionnelle à l’école de BD Emile Cohl. J’ai été acceptée. Et cela a été le premier pas qu’il m’a fallu pour remonter la pente après ce burn out.
Le premier jour de formation, après six heures debout devant un chevalet à transpirer sur un fusain, je me rendais compte que je n’en avais même pas marre et que je reviendrai travailler le lendemain avec la même envie. L’énergie me revenait peu à peu. Je retrouvais le goût du dessin et de la création. Je découvrais le plaisir de prendre le temps de faire, juste pour moi. La passion était toujours là, en attente d’être réveillée et libérée ! Et si justement, je le démarrais enfin ce projet de livre qui trainait dans mes cartons depuis des mois?
Je décidais aussi d’arrêter de m’intéresser à ce qui me pompe mon énergie. Exit les réseaux sociaux et la tyrannie des “likes”. J’ai essayé de prendre un livre le soir au lieu de regarder mon téléphone et cesser de m’inquiéter de la portée de mes posts.
Ce n’était pas évident. L’addiction aux écrans est probablement similaire à celle pour la clope, ou dans mon cas, pour le chocolat. Mais au bout d’un moment, j’ai réalisé que décrocher d’Instagram me permettait d’aller mieux. Inutile de comparer la vraie vie à celle qui est étalée avec un grand renfort de filtres sur les réseaux. Ce n’est pas à cette jauge-là qu’il faut mesurer sa valeur. Pas plus qu’au nombre des années, il paraît.
Enfin, je reprenais le sport!
Bouger, respirer, vivre quoi… Même s’il est parfois difficile de se mettre en mouvement, on ne regrette jamais de s’être bougé les fesses. Surtout après avoir été enfermés, circonscrits à un périmètre restreint, forcés à tourner en rond à coup d’attestations !
Par chance, j’ai trouvé une super école de danse à deux pas de chez moi dans un quartier que je n’avais pas pu explorer à cause des confinements. J’ai rechaussé mes vieilles ballerines tant aimées.
Peu importe si je fais partie des vétérans maintenant. Même si mes os et mon périnée me crient à chaque entrechat que je n’ai plus 20 ans, j’aime toujours autant danser et peu à peu mon corps si fatigué reprend des forces.
Marie-Eve : Quels enseignements tires- tu de cette épreuve encore toute fraîche ? Un conseil pour remonter la pente après un burn out?
Caroline : Pour la première fois depuis que je me suis lancée à mon compte, j’apprends à aménager mon temps, à prioriser mes projets, à demander de l’aide… et surtout, j’arrête de me mettre la pression. Je ne suis pas Wonder woman, et c’est ok. Il est temps de faire cesser les petites voix qui m’auto-sabotent.
Pas parfaite? Tant mieux! Il est temps d’apprendre à lâcher- prise.
Finalement, une crise, c’est l’occasion de prendre du recul.
Marie-Eve : Comment vas-tu aujourd’hui ?
Caroline: La vie n’est toujours pas revenue à la normale. Mais je crois qu’on apprend peu à peu à naviguer avec les difficultés et imprévus devenus réguliers, en révisant ses priorités et réalisant ce qui est vraiment important.
Je ne sais pas si les temps qui s’annoncent nous promettent un apaisement – et très franchement, je ne le crois pas, le Covid semblant un avant-goût des crises qui nous attendent.
Mais j’essaie de vivre le moment présent, d’avancer sur mon chemin et de faire de mon mieux, ni plus ni moins.
Après tout, j’ai 39 ans. Qu’est-ce qui pourrait encore bien se passer cette année ?
Merci Caroline d’avoir répondu à mes questions !
Marie-Eve Cassal | CAP SATORI
Crédit photos Caroline Gaujour ❤
Cet article vous a intéressé ?
N’hésitez pas à le commenter et à le partager
HELLO !
Je suis Marie-Eve Cassal
Experte des transitions &stratégies de carrière après un burn out
Fondatrice de CAP SATORI
Je m’engage avec force à vos côtés, cadres et managers pour vous aider après un burn out à reprendre le pouvoir sur votre vie et rebondir en toute sécurité vers une activité professionnelle alignée avec vos valeurs profondes.
Pour répondre à vos besoins spécifiques, j’ai développé 2 méthodes exclusives :
ALIGNEMENT PRO™ et SOS BURN OUT™
ME SUIVRE SUR LES RÉSEAUX
JE SOUHAITE AVOIR DES INFOS SUR :
Se reconstruire après un burn out
Rebondir en sécurité après un burn out
Développement perso/pro
Juridique
Laisser un commentaire